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Mes Divagations en Mots
Mes Divagations en Mots
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Question au bac : Que veut dire "la femme de sa vie ?"

Le bonheur doit-il se faire à deux ?

Lorsque tu nais, tu découvres la vie avec la vision troublée d'un homme et d'une femme ayant donné forme à leur amour, désir, passion, haine ou insouciance, en ta personne. Tu sais que ce sont tes parents et le resteront pour toujours.

Tu grandis en voyant d'autres associations hommes/femmes, que tu appelleras plus tard couples, des associations plus ou moins réussies, plus ou moins attendrissantes, surtout pour les personnes concernées.

Tu grandis encore et tu fais l'expérience d'association avec le sexe opposé, ton premier amour innocent et enfantin t'emplit de joie... ou le fait-il ? ne t'emplit-il pas d'angoisse et de nervosité ? de paralysie totale à l'approche du bien aimé ? d'insomnies terribles à la pensée de la bien aimée ? de désespoir total parce que ton égo n'est pas encore assez développé pour penser pouvoir être aimé en retour ?

Tu grandis toujours et commences à prendre de la graisse et des boutons, et ton expérience associative continue en essayant de trouver les bases d'une bonne association. Tu jongles entre l'entente physique et l'entente spirituelle, tu essaies de combler une différence sociale par une ressemblance musicale, et commences à te dire que l'amour et l'eau fraîche sont suffisants avec "l'autre soi".

Tu grandis encore un peu, les boutons disparaissent mais tes hormones se multiplient, tu abandonnes volontiers tes considérations spirituelles dans l'élaboration de l'association. Finalement tu choisis ce qui t'arranges parce que personne n'est parfait, même pas toi, alors faut pas être trop exigeant, pourvu qu'il y ait juste entente.

Tu vieillis, tes hormones se calment et les problèmes commencent; tu dois choisir la deuxième partie de l'association que tu essaies de fabriquer depuis que tu sais que les hommes et les femmes finissent en s’associant par paires. Tes exigences sont revues à la baisse, et puis à la hausse encore, tu te troubles, le temps presse, l'horloge tourne, tes exigences se bousculent, tu ne sais plus si elle doit être timide, jolie, aimante ou juste respectueuse, tu ne sais plus s'il doit être compréhensif, beau, attentionné ou responsable, vite, vite, tes amis s'associent, tes parents veulent t'associer, des sexes opposés qui ne t'intéressent pas veulent s'associer à toi, et d'autres avec qui tu te verrais bien associé n'y pensent même pas, tu ne sais plus ce qu'il faut choisir pour être heureux, doit-elle toucher plus ? doit-il avoir une maison ? on t'a dit que c'est pour la vie, à jamais et pour toujours, au réveil et avant le coucher, ton bonheur semble plus inaccessible que jamais parce que tu es sûr qu'il ne s'accomplira qu'avec la bonne association, et tu ne sais plus pourquoi il faut s'associer déjà, qui a inventé ce truc ? pourquoi des paires ? pourquoi pas des groupes ? ou des individus isolés ? tu as peur de faire le mauvais choix et de vivre dans le malheur toute ta vie comme la voisine de la tante, tu ne sais plus rien, c'est quoi l'amour déjà ?

Cette course effrénée aurait pu t'être évitée si au lieu qu'on t’ait dit de trouver la personne qui ferait ton bonheur, on t'avait dit de trouver celle que tu veux rendre heureuse. Là, du coup, les critères seraient devenus beaucoup plus simples, et en mettant de côté ta petite personne, tu aurais vu plus clairement.

Imagine même qu'on t'ait parlé de pouvoir faire ton bonheur toi-même, que cette association homme/femme que tu vois depuis ta naissance ne serait pas une fin en soi mais un moyen d'atteindre la fin plus sereinement. Et il existe d'autres moyens. Seulement tu ne les vois pas.

Non, tu ne vois pas ça, les personnes non associées que tu vois te paraissent seules et malheureuses, les divorcés, les séparés, les veufs ou les simples célibataires te semblent perdus, presque en attente perpétuelle. Qu'en sais-tu ?

Peut-être le sont-ils, peut-être est-ce simplement ce que tu veux voir, parce que c'est probablement plus difficile d'être heureux seul, c'est plus contraignant de ne compter que sur soi pour se faire plaisir, c'est plus prenant d'être attentif à soi-même que de l'être à un autre.

Au final, seul ou en association, tu ne fais que braver la vie pour essayer d'y arriver jusqu'au bout, ce que tu appelleras tout au long "être heureux", il ne te reste plus qu'à choisir ton mode de survie, en solo ou multi joueur, il faut juste que tu saches ce que tu pourras assumer et apprécier quand tu ne seras qu’une vieille peau dans un lit attendant la mort, car dans les deux modes tu risques de te faire du mal, sauf que dans l'un tu choisis une autre personne pour te l'infliger...

Et moi ? ma bulle utopiste veut que, pour moi, à deux c'est mieux, mais comme je dis toujours, chacun son délire.

La naïveté est l'opium des êtres blasés.

L'égoïste romantique - F.Beigbeder